Bénin : une réception chez l’ambassadeur Jan
Pascal Gbenou, fondateur de la ferme-école Sain, au Bénin : « Je leur apprends des techniques agricoles. Mais pas uniquement. Je leur apprends aussi à prendre confiance en eux. »
Jan Robberecht est ambassadeur de la Collibri Foundation auprès de ses projets béninois. Fin mai 2017, il a reçu la visite de Pascal Gbenou, le fondateur de la ferme-école Sain, qui accueille les jeunes agriculteurs locaux soutenus par la Collibri Foundation. Ensemble, ils ont parlé de l’approche éducative développée par ce centre de formation.
Pascal Gbenou a rendu visite à Jan Robberecht. Ambassadeur de la Collibri Foundation, Jan s’était longuement attardé à la ferme Sain lors de son voyage au Bénin, en novembre 2016. Cette ferme-école est dirigée par Pascal. Vingt des trente jeunes Béninois soutenus par la Collibri Foundation y ont suivi une partie de leur formation.
Le 26 mai 2017, c’était donc au tour de Pascal de faire un crochet par Rebecq, au cœur du Brabant wallon, chez Jan. Celui-ci n’a pu s’empêcher de lui poser quelques questions. Sur sa ferme-école. Sur l’évolution des élèves… Il en a profité pour faire découvrir quelques aspects de l’agriculture belge à Pascal.
Rappelez-nous les différents rôles que vous endossez au Bénin ?
Je suis le promoteur de la coopérative Ferme-École Sain. C’est une exploitation agricole biologique (pisciculture, élevage, cultures diverses) qui forme des jeunes au métier d’agriculteur et qui les amène à se lancer dans l’entrepreneuriat durable. Je participe également à la promotion du Système de riziculture intensive (SRI), une approche agro-écologique qui permet aux riziculteurs d’augmenter les rendements sans recourir aux engrais ni aux pesticides chimiques. Enfin, je suis actif dans plusieurs associations professionnelles.
Quelle est votre approche avec les jeunes de la ferme Sain ?
Je leur montre l’exemple. Ensuite, les jeunes essayent par eux-mêmes. Il faut qu’ils fassent leur propre expérience. (N.D.L.R. – L’approche développée par Pascal Gbenou est unique au Bénin. Le stagiaire met immédiatement sa formation théorique en pratique, dans un champ ou avec le bétail. Partant du principe que l’expérience est la somme des erreurs qu’on a commises, la formation de la ferme-école Sain consiste précisément à permettre au jeune agriculteur de se lancer, quitte à se tromper. Il peut ainsi apprendre de ses erreurs).
Qu’est-ce que vous leur apprenez ?
Je leur apprends des techniques agricoles. Mais pas uniquement. Je leur apprends aussi à prendre confiance en eux. Nous accueillons des jeunes de toutes les parties du Benin. C’est une richesse. Car eux aussi m’apprennent beaucoup. Ils restent 18 mois chez moi. Ce qui me permet de suivre leur évolution. Et je reste en contact avec eux. Ils se sont réunis en association, pour maintenir une forme de solidarité entre eux. 76 ont créé leur propre entreprise.
Quels sont les défis que vous devez affronter ?
J’ai commencé par affronter ma famille. Mes parents ne pensaient pas qu’un jeune universitaire avait un avenir dans l’agriculture. Mais j’ai persisté et j’ai réussi. Je voulais ensuite démontrer qu’une agriculture sans produit chimique pouvait être performante. Et j’ai réussi. Après, je suis parvenu à développer un système de formation qui n’est pas basé sur des ressources externes. À présent, j’organise un système de suivi des jeunes agriculteurs qui sont passés par la ferme Sain. C’est mon quatrième défi. Et il y a encore du boulot !
Que deviennent les jeunes qui ont fait leur stage dans le cadre de la Collibri Foundation ?
Avec les jeunes « Collibri », l’expérience est similaire à celle de mes autres élèves. Mais leur stage est plus court (3 mois). Deux groupes de 10 ont déjà fait leur stage chez moi et ont créé leur propre entreprise agricole. Le suivi du deuxième groupe est plus strict, comparé au premier. Les 20 jeunes ont créé leur propre association : l’Organisation des jeunes entrepreneurs agricoles du Bénin (OJEAB). C’est clair : leur formation leur a permis de créer entre eux des liens durables.
